Historique de l’Opéra de Québec
L’année 1983 marque une étape décisive dans l’histoire de l’art lyrique à Québec. Après les efforts et le travail des pionniers du Théâtre lyrique de Nouvelle-France, de l’Opéra du Québec, puis ceux de la Société lyrique d’Aubigny pour soutenir la cause de l’opéra à Québec, naît la Fondation de l’Opéra de Québec (7 janvier 1983) qui mène à la création de la Corporation de l’Opéra de Québec (16 novembre 1983), dont la mission est de produire des spectacles d’opéra professionnels à Québec.
L’Opéra de Québec se donne pour objectif de présenter au public deux ouvrages du grand répertoire par saison et ce, en privilégiant les talents de la Vieille Capitale. La première production de la nouvelle compagnie (mai 1985), Madama Butterfly de Puccini, remporte un vif succès, dû en bonne partie à la magnifique performance de la soprano Evelyne Brunner dans le rôle-titre.
Des vœux de succès fuseront de partout pour venir appuyer cette nouvelle initiative : Luciano Pavarotti, Jessye Norman, Placido Domingo, Jon Vickers, Wilhelmenia Fernandez, Pierrette Alarie et Léopold Simoneau. Et le soir de la première, l’Opéra de Québec présente sa production avec un procédé avant-gardiste en ayant recours aux surtitres en français, une première non seulement au Québec, mais dans le monde de la francophonie.
Depuis ses débuts sous la direction du ténor et chef d’orchestre Guy Bélanger, l’Opéra de Québec s’est consciencieusement employé à encourager et à promouvoir les talents québécois et a donné à plusieurs chanteurs de la région une première véritable occasion professionnelle de se démarquer. Parmi ces chanteurs, mentionnons Sonia Racine, Lyne Fortin, Hélène Fortin, Agathe Martel, Odette Beaupré, Monique Pagé, Louis Langelier, Jean-François Lapointe, Claude Robin-Pelletier et plusieurs autres. Ces jeunes voix ont également profité de l’expérience d’artistes chevronnés, tant québécois qu’internationaux : Colette Boky, Joseph Rouleau, Robert Savoie, Claude Corbeil, Gaétan Laperrière, Bernard Turgeon, Yves Cantin, Pierre Charbonneau, Theodore Baerg, Brett Polegato, Jean Stilwell, Peter Strummer, Maria d’Aragnès, John Cheek, Stephen Powell, Leslie Richards, Jianyi Zhang, Audrey Stottler, John Fanning, Richard Fredricks, Kevin Glavin, Joanne Kolomyjec, Brenda Harris, Russell Braun et tant d’autres.
Côté mise en scène, de grands noms se sont associés aux productions de l’Opéra de Québec : Pierrette Alarie, Irving Guttman, Antonello Madau Diaz, Albert Millaire, Peter Symcox, Bernard Uzan, Brian MacDonald, Brian Deedrick, Serge Denoncourt, Jacques Leblanc, John Pascoe, Louise Marleau.
L’arrivée de Bernard Labadie et de Grégoire Legendre à la barre de la saison 1994-1995 allait marquer un tournant par une amorce de changement principalement orientée sur l’élargissement du répertoire et le rajeunissement de l’approche scénique, le tout dans un esprit d’ouverture et de respect de la tradition.
Avec l’avènement de la technologie informatique, l’Opéra de Québec, conscient de l’importance de stimuler la jeune génération à l’art lyrique, a décidé d’apporter sa contribution au développement éducatif des jeunes en suscitant leur intérêt par le biais d’activités hors de l’ordinaire. La première activité visait à ouvrir au jeune public (secondaires I à V) les répétitions générales. Depuis le printemps 1999, c’est plus de 40 000 jeunes de la région qui se sont initiés ainsi à l’opéra. La deuxième activité étant le concours « Dessine-moi un opéra » (de 2000 à 2004) qui s’est révélé être une façon très originale pour la jeunesse (écoles primaires) de la région de Québec, non seulement de s’intéresser à l’opéra, mais aussi de faire partie de l’équipe de production par la réalisation des décors et des costumes à partir de leurs dessins. C’est ainsi que pendant quatre saisons, l’Opéra a pu réaliser quatre productions : La flûte enchantée de Mozart (juin 2000), Hänsel et Gretel de Humperdinck (octobre 2001), L’enlèvement au sérail de Mozart (mars 2003) et L’elisir d’amore de Donizetti (mars 2004).
Bernard Labadie aura assuré la direction artistique et musicale jusqu’à la fin de la saison 2002-2003, alors que Grégoire Legendre prend sa relève à la direction artistique, en plus de ses fonctions à la direction générale. C’est sous sa gouvernance qu’a eu lieu la première mondiale de Starmania opéra de Luc Plamondon et Michel Berger au printemps 2008. Par la suite, Robert Lepage signait la mise de son programme double Le château de Barbe-Bleue de Bartók et Erwartung de Schönberg pour la première fois à Québec. Et en novembre 2009, l’Opéra de Québec se voyait honoré au Gala des Prix d’excellence des arts et de la culture, en recevant le Prix Ville de Québec pour la venue du Concours international de chant Operalia de Plácido Domingo en 2008 ; ce prix visant à couronner les efforts et à souligner l’excellence du travail d’un organisme culturel professionnel.
En 2011, Grégoire Legendre lance le premier Festival d’opéra de Québec en mettant de l’avant une programmation qui s’échelonne sur 2 semaines. C’est ainsi que le public de Québec aura pu assister en première canadienne à Une flûte enchantée d’après l’œuvre de Mozart et dans une adaptation de Peter Brook, en première québécoise au Rossignol et autres fables de Stravinski dans une mise en scène de Robert Lepage, et autour de ces deux grandes productions se seront greffés d’autres événements très courus. Le Festival reçoit le Prix Opus 2011 « Concert de l’année à Québec » pour le Rossignol et autres fables.
Le Festival d’opéra de Québec perdure depuis ce temps et a permis de voir et d’entendre de grandes productions destinées notamment au Metropolitan Opera de New York telles que The Tempest de Thomas Adès, La damnation de Faust de Berlioz et L’amour de loin de Kaija Saariaho, toutes dans des mises en scène de Robert Lepage.